Le Roman de l'année : Semaine R-8 - Départ en Vacances

Vendredi 7 juillet, 15h30, je viens de dire au revoir aux Cm2. Un par un, un petit mot à chacun d’entre eux. Une petite larme chez celui-ci, une grosse chez celui-là. Certains s’en vont sans se retourner, d’autres n’arrivent pas à s'éloigner de leur future ex-école… Mais voilà, comme je leur ai dit quelques minutes plus tôt : « Bon vent et bon collège à vous tous ! A partir de maintenant, j’appartiens à votre passé. »

Vacances, enfin, déjà ? Cela dépend des années. Je suis toujours heureux d’être en vacances, c’est une partie avantageuse de ce métier que j’ai choisi après en avoir exercé deux autres (enseignant-chercheur et chef d’entreprise). Mais les vacances, ne sont pas pour moi une libération d’un fardeau que serait l’école. L’école, je m’y plais, j’ai grand plaisir à être dans la classe, à accompagner les élèves de septembre à juillet. Ainsi, être en vacances d’été signifie tout autant la fin d’une aventure que le début d’une nouvelle à venir. Pour rappeler la célèbre phrase royaliste : la classe est morte, vive la classe ! C’est une aventure humaine et pédagogique. Humaine car les élèves sont des personnages uniques, singuliers et bien entendu pédagogique car c’est bien là le cœur de mon métier et de mon engagement.

Vendredi 7 juillet, 15h31, le point de départ de ce journal de l’année. Me voilà donc en vacances… Fini de penser à la classe ! Oui et non, si celle de l’année écoulée fait maintenant partie des souvenirs, je suis déjà engagé vers le groupe qui s’annonce. En effet, une année scolaire ne se prépare pas forcément uniquement à partir du 1^er septembre. Elle peut aussi se préparer en amont.

Préparer, c’est l’une des tâches de notre métier les moins connues du grand public. Les vacances, ça oui, c’est connu ! Les corrections également. La gestion des élèves difficiles éventuellement. Mais la préparation…

Pour une grande partie des professeurs, la préparation se fait au jour le jour (ou à la semaine) et cela constitue l’un des piliers de sa formation. Avant d’être titularisé, il faut apprendre à préparer, rédiger des « fiches de prép » que les formateurs doivent valider. Combien sont jugés les premières années à leurs fiches plutôt qu’aux résultats obtenus par leurs élèves après être passés dans leur classe ? Si vous avez lu mon premier livre « Rendre chaque élève de Cm1-Cm2 responsable de ses apprentissages » (à retrouver ici), vous savez que je ne « prépare » pas ma classe car je prône au contraire l’improvisation. Je ne parle pas de celle du procrastinateur et du j’en foutiste ou du cabochard. Non, je parle de celle des musiciens, celle qui est rendue possible par le talent, par le travail fait en amont. Improviser, ça se prépare et c’est pourquoi je parle pour mon travail dans la classe d’improvisation préparée !

Et voilà, c’est lâché, mon improvisation de l’année scolaire à venir se prépare en amont. L’amont de la rentrée scolaire, cela s’appelle les vacances d’été !

Certes, la préparation de l’improvisation aura comme conséquence une absence quasi-totale de préparation au cours de l’année, mais elle aura comme incidence un peu de travail pendant l’été. Soyons de suite honnête, quand ce n’est pas la première année que l’on passe dans un niveau, on a quand même moins à préparer aussi. Cela va faire douze ans que je pratique la préparation estivale d’une classe de Cm2 ou de Cm1-Cm2, et donc cette année, ce n’est quand même pas autant de travail que la première fois !

C’est peut-être pour cela que depuis trois ans je passe plutôt mes étés à écrire des livres. Mais il reste une base que je renégocie tous les ans. J’aime bien me lancer des projets, réinterroger certaines activités. Mais je ne me lance pas dans tous les chantiers à la fois ! A chaque année suffit sa peine ! Il y a deux ans, j’avais repris un peu la partie Histoire, l’an dernier, c’était plus les sciences, cette année, je me lance dans la finalisation de mon dispositif de production d’écrit et de renforcement de l’orthographe.

Cette année, j’ai aussi une pensée pour tous ceux qui vont désormais tenter d’appliquer la Pédagogie que j’ai développée au cours de mes 15 années d’enseignement dans le 1^er degré, la fameuse Pédagogie CPR. Pour eux, la préparation estivale risque d’être un peu plus mouvementée ! Il faudra bâtir ses premières séries de plans de travail avec des doutes, des interrogations et des certitudes qui risquent de voler en éclat dès le premier mois. Mais tout ceci passé, les choses vont se mettre en place, les avantages de la Pédagogie CPR prendront vite le dessus sur les premières difficultés et l’été prochain, la préparation sera bien allégée, ce qui permettra de se pencher sur bien des optimisations nécessaires.

Pour l’heure, la priorité est à l’installation des vacances. Il ne reste déjà plus que huit semaines avant la rentrée ! J’imagine bien les gros yeux des lecteurs qui sont parfois loin d’avoir autant de semaines de vacances… Oui mais voilà, c’est que l’on s’habitue rapidement et aisément à cette pause estivale de huit semaines. Je ne me plains pas de mon métier, bien au contraire je l’adore ! J’adore aussi ces vacances qui font partie de mon métier. En ai-je assez ? Certainement, même si elles passent toujours trop vite, comme pour tout le monde, mais l’année scolaire aussi passe bien trop vite ! On vieillit trop vite aussi, les élèves grandissent tout aussi vite. Voilà le temps qui passe… Ce début de vacances est une sorte de ralentissement de l’écoulement du temps. Tout d’un coup, le rythme retombe. On a le temps, huit semaines sans contraintes devant soi !

Cette première semaine est avant tout l’occasion de finir le rangement de la classe. Traditionnellement, je reviens dans la classe une demi-journée pour classer et ranger le bazar accumulé tout au long de l’année et que je n’ai pas eu le temps de traiter lors des derniers jours avec les élèves. J’ai un style de rangement bien à moi pendant l’année, j’entasse et j’empile !  Il me faut donc ranger et trier (souvent par le vide !).