Deux semaines de montagne… Déjà ! Comme cela passe vite. Il faut dire que l’on ne se lasse pas si facilement de la vue de notre balcon… Les randonnées sont sympas et les photographies
faciles avec un tel cadre ! Tout de même, un petit défaut : peu de marmottes cette année dans l’objectif ! Mais bon, le parc des Ecrins et ses glaciers du matin au soir dans notre
champ de vision, un vrai régal visuel ! J’aime bien comme bureau…

Cette image m’accompagnera une bonne partie de l’année. J’envie parfois ceux qui vivent dans un tel cadre. On a un temps eu l’envie de demander une mutation de toute la famille pour les Alpes ou les Pyrénées, mais notre vie est définitivement dans un pays, certes presque plat, mais auquel on est attaché. Alors pendant les vacances, on profite de cette montagne à laquelle on repense ensuite tout le reste de l’année !
A part ça, du coup, on se sent quand même loin de l’école. Six semaines se sont déjà écoulées depuis la fin de l’année dernière ; on ressent de plus en plus cette certitude que ces semaines sont bien utiles pour se ressourcer. Si l’on n’est pas enseignant, il est difficile de comprendre cela. Il y a en fait une sorte de pression permanente pendant l’année scolaire, l’impression d’être toujours à la course, à la poursuite d’un je ne sais quoi que l’on n’atteint jamais ! Ce sentiment d’imperfection permanent fait partie du métier, et bien d’autres métiers connaissent de très fortes pressions (parfois plus fortes que les nôtres), mais il y a un point important auquel peu de métiers sont réellement confrontés : nous travaillons avec et pour des personnes humaines dont l’avenir dépend de nous, au moins en partie. Nous sommes au service de l’avenir de la Nation !
Cela oblige, cela donne des obligations… Combien d’entre nous finissent par ne plus tenir cette pression-là ? Peut-être pas au point d’en perdre la tête, mais combien d’entre nous culpabilisent d’avoir envie de lâcher un peu ? Pourtant au final, qui de nous se permet de se dire au diable ces sales gamins ? Tellement peu… Non, au contraire, on en veut encore, on y retourne, on va encore se battre pour eux tous et toute l'année prochaine.
Je ne connais pas un collègue qui ne souhaite pas cela à deux semaines d’une nouvelle rentrée ! Cela donne aussi un sens à une vie, à une vocation professionnelle. Il y a quand même ce petit sentiment d’utilité publique. Que c’est désolant de se dire que le métier n’attire plus les jeunes… Pour nous, cela renforce presque ce sentiment que notre position est stupide et que l’on ferait mieux de laisser tomber et de se tourner vers une autre voie professionnelle. On pourrait même y trouver un meilleur salaire pour moins d’heures de travail ! Bon d’accord, mais on n’aurait plus nos chères 8 semaines de vacances l’été ! Alors, hauts les cœurs ! Avant de retourner au combat, on profite encore de ces journées paisibles, sans chronomètre scolaire.
Et puis, quand je dis qu’on est loin de l’école, on ne la perd jamais de vue réellement ! Pendant ces 2 semaines montagnardes, on a quand même pris le temps d’aller visiter le musée de la Révolution Française. On aime ça les musées. J’en ai profité pour prendre quelques photos… Autant pendant les randos, je cherche la belle image, la meilleure position de la marmotte… Autant, au musée de la Révolution, c’est l’enseignant qui prend place derrière l’objectif ! Le buste de Robespierre fait de son vivant, avant la période de la Terreur, je le prends pour présenter son vrai visage aux Cm2 au mois de novembre. Tout ce que j’y ai lu fait référence dans ma tête à ce que je sais et surtout à ce que je transmets. Du coup, au cours de cette visite, j’ai appris l’existence et l’histoire du frère de Maximilien ! Édifiant et éclairant aussi sur le charisme de Robespierre et le sentiment des acteurs majeurs de la Convention. Qu’aurions-nous donc fait à leur place ?
Bon j’étais passionné d’Histoire bien avant d’être enseignant, et ma vocation étant la recherche en Physique, je n’ai jamais considéré les musées d’Histoire comme autre chose que du plaisir et de la culture personnelle, enfin, jamais… sauf depuis que je suis devenu professeur des écoles. Maintenant, chaque visite, chaque découverte est toujours accompagnée de la question « et si j’utilisais ça en classe ? ». Tous les collègues qui me lisent savent bien ce dont je parle… Si je parle de garder les gobelets en carton pour en faire des téléphones ou les rouleaux de papier toilette pour faire des pots à crayon, tous les enseignants comprennent de quel syndrome je parle ! Leurs conjoints aussi d’ailleurs ! C’est aussi ça « le plus beau métier du monde », il ne vous quitte jamais complètement, c’est pour cela qu’être un enseignant est plus qu’un métier, cela devient un trait de votre personnalité.
Une anecdote pour illustrer cela : en juillet sur la plage alors que nous étions en train de sécher en famille après une baignade fort appréciée, il y avait une autre famille devant nous. Sans y prêter plus attention que cela, on entendait leurs conversations. Une phrase a tout d’un coup attiré notre attention : « à l’école, il m’est arrivé… ». Avec ma femme, on s’est regardé et de suite on s’est dit conjointement : « J’aurai parié qu’elle était enseignante ! ». C’est comme ça ! On a des comportements, des façons de parler, des façons de passer les informations qui sont liées à notre posture professionnelle et cette posture devient une partie totalement intégrée de nous. On n’est pas enseignant uniquement dans la classe et parfois ça se voit !
Cela me va bien, j’en suis plutôt fier. Je n’ai surtout pas honte de mon métier, et encore moins de ses avantages ! Mais profiter de mes vacances pour écrire des livres de pédagogie et se battre au quotidien pour les faire connaitre est une charge supplémentaire de travail que je m’inflige et que j’inflige à ma famille. Que voulez-vous, j’ai cette flamme qui, je l’espère, brûle encore pour quelques années ! Il faut dire qu’il m’en reste encore quelques-unes avant la retraite, et je ne suis pas spécialement pressé d’y arriver !
Ceci étant, pour ceux qui commencent à se mettre la rate au court-bouillon à 15 jours de la rentrée, sachez que ce n’est pas mon cas. Qu’ai-je préparé cet été pour ma nouvelle classe ? Pas grand-chose à vrai dire. Je ne change pas d’école, je ne change pas de niveau et je garde mes manuels… Dans ma tête, j’ai plus pensé à cette année à venir, au mois de juin que pendant ce mois d’août ! Je n’ai quand même pas rien fait puisque j’ai travaillé pour publier un fichier complet de renforcement CPR de l’orthographe et de la production d’écrit (à découvrir ici). Je peux même dire que j’y ai passé une partie de mon été. Mais ce n'est pas la préparation de ma future classe, même si ces nouveaux documents, mieux finis, plus aboutis, vont bénéficier directement à mes élèves dès septembre.
Et à part ça ? Mes plans sont prêts… Je les ai faits un peu évoluer au cours de l’été (voir le chapitre 2), mais depuis, pas grand-chose pour ma classe… Que reste-t-il à faire ? Des listes, de nombreuses listes… Il m’en faut pour le comportement, pour les parcours, pour les suivis en tous genres car c’est ça de personnaliser le suivi de chaque élève, il faut se doter d’outils.
Pour préparer ces listes, un bon copier-coller, et hop, ça sera prêt. Le plus dur, en fait, est de ne pas en oublier, puis de prévoir le bon nombre de chaque dans les impressions.
Finalement, je crois que je vais attendre la dernière semaine d’août, quand je serai rentré à la maison. Il va falloir aussi préparer les étiquettes nominatives de venues au bureau (voir le guide pratique pour Enseigner par plans de travail en Cm1-Cm2). Et il y aura tant de documents à imprimer, à photocopier… Je n’ai même pas fait le point des fournitures scolaires commandées pour la classe. Oui… mais ça, on verra la dernière semaine ! Ah, j’oubliais, il faut que je prépare aussi mes petits livrets de niveau. Un par élève… Bon, je réutilise ceux des années passées. Ils ne sont pas parfaits… Toute l’année dernière, je me suis encore dit qu’il fallait les refaire… J’aurais quand même pu les reprendre cet été… Bon… On verra ça la dernière semaine, si j’ai le temps… En parlant de temps, et l’emploi du temps ? Grosso-modo ce sera le même que l’an dernier… J'ai bien le temps de voir ça avant la rentrée…
A 15 jours de la reprise, c’est la procrastination qui domine. Je crois que finalement, il me reste une semaine de vacances, et ensuite une semaine sans élèves. Oui ! C’est plus réaliste de considérer cela comme ça ! Alors l’urgence, c’est de profiter de cette semaine qui vient, la dernière de vraies vacances ! Des fois que l’on n’ait pas réussi à profiter suffisamment des six premières ! C’est peut-être ça la plus grande angoisse du mois d’août pour un enseignant, juste avant de se demander ce qu'il fera pendant celles de la Toussaint… Heureusement, nous, on a la chance (si on peut parler ainsi, car cela fait partie de nos choix budgétaires et familiaux), de prolonger notre itinérance estivale d’une semaine de plus dans les Gorges du Tarn avant de rentrer. Cela fait un petit détour, mais on se rapproche quand même de chez nous. De nouvelles activités nous attendent, et pour l’école, et bien vous savez quoi ? On verra ça la dernière semaine !
Bonne fin de vacances pour ceux qui y sont encore, et bon courage à tous les autres. La marmotte des Ecrins vous salue !
Crédit photos : beanico-photo (www.beanico-photo.fr)
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