
Plans de Travail, Feuilles de Route et Plans CPR :
Quelles différences ?
Mettre des plans de travail dans sa classe ou mettre sa classe en plans de travail ?

"Mettre des plans de travail dans sa classe ou mettre sa classe en plans de travail, ce n’est pas la même chose. Opalya te guide ! Prêt à découvrir les différences entre les Plans de Travail CPR, les Plans de Travail traditionnels des Pédagogies Freinet ou Institutionnelles et les Feuilles de Route ? Accroche-toi, on va explorer ensemble ces concepts pour t'aider à mieux comprendre."
Sommaire :
Les discussions autour des plans de travail reviennent souvent sur les réseaux sociaux. J’y ai consacré tout un ouvrage (Enseigner par plan de travail en Cm1-Cm2 : le guide pratique (-> Cliquer ici pour en consulter des extraits) et une grosse partie de l'autre (Rendre chaque élève de Cm1-Cm2 responsable de ses apprentissages), mais je prends ici un moment pour clarifier les termes, de façon pragmatique et apaisée.
Sur le web, on oppose fréquemment deux formats : le Plan de travail d’un côté, la Feuille de route de l’autre. Ces distinctions s’accompagnent parfois de jugements tranchés (chacun défendant sa version du “vrai” plan de travail). Je conçois ces prises de position mais à mon tour, je souhaite partager la mienne.
Cet article propose une lecture pragmatique de trois approches souvent dénommées Plan de Travail (ou PdT),
sans opposition stérile, mais en soulignant ce que la pédagogie CPR apporte de nouveau dans ce domaine.
Il y a plusieurs années, j’ai fait le choix d’appeler “plan de travail” une organisation de classe qui différait sensiblement de ce que j’avais pu voir ou lire ailleurs. Ce choix a été questionné, parfois critiqué (surtout par les défenseurs d’une pédagogie) mais plus souvent validé ou adopté. Je respecte tous les avis et je n’ai jamais cherché à contester la valeur d’autres approches. La pluralité des pédagogies est une richesse.
Elle est aussi le signe, parfois, de notre difficulté à répondre collectivement aux défis de l’école. C’est dans ce vide que s’inscrit la pédagogie CPR : une tentative honnête et concrète de donner à chacun de mes élèves (quels que soient son passé, ses réussites ou ses difficultés) une chance réelle de progresser, de réussir.
Pour cela, j’ai dû inventer, théoriser et créer un dispositif de classe ambitieux...
Et ce dispositif, je l’ai nommé Plan de Travail CPR.
Le "vrai" plan de travail

"Savais-tu que ce que certains appellent le "vrai" Plan de Travail, est un dispositif personnalisé pour chaque élève ? Cela signifie que chaque élève a son propre plan, construit avec l'enseignant. Cela peut représenter une certaine somme de travail !"
Recentrons-nous sur la question centrale : qu’est-ce qu’un “vrai” plan de travail ? J’emploie ce terme entre guillemets parce qu’il m’a souvent été opposé. Il mérite donc un éclaircissement.
Deux pédagogies bien connues (la pédagogie Freinet et la pédagogie institutionnelle de Ferdinand Oury) revendiquent une filiation directe avec les plans de travail. Pourtant, si l’on regarde du côté de l’histoire, c’est Helen Parkhurst qui en a formalisé les bases dès les années 1910, avec les “Dalton Plans” aux États-Unis. Anecdote amusante : elle est née à Durand. Comme moi. Simple clin d’œil sans conséquence, mais qui me fait bien sourire.
Pour les adeptes des approches Freinet ou institutionnelle, le “vrai” plan de travail est individualisé. Chaque élève construit son propre plan avec l’enseignant. Cela signifie, en théorie, 25 plans pour 25 élèves, ce qui peut se révéler une charge non négligeable de travail de préparation, d'organisation et de suivi (certains collègues regroupent des élèves pour limiter le nombre de plans à concevoir). La personnalisation des parcours des élèves portent sur le contenu et/ou sur le temps imparti pour réaliser le plan, selon les besoins de chacun.
La différence entre Freinet et Oury tient surtout aux modalités d'évaluation. La pédagogie institutionnelle introduit le principe des ceintures de compétences, inspirées des arts martiaux, pour valider les acquis et jalonner les progrès.
En résumé, pour ces courants pédagogiques, un plan de travail est avant tout un contrat individualisé, défini en amont, et validé selon une progression établie.
La feuille de route

"La Feuille de Route, c'est une planification uniforme pour un groupe d'élèves. C'est un peu comme un planning de classe où tous les élèves suivent le même parcours de manière autonome, chacun à sa vitesse"
À l’autre extrémité du débat, on trouve la Feuille de route. Elle est parfois dénigrée comme un simple planning (“simple” étant ici péjoratif). Mettons les caricatures de côté pour clarifier ce dont il s’agit.
Une Feuille de route est une liste d’exercices, parfois commune à toute la classe ou souvent adaptée par groupes, selon les besoins, suivant souvent les principes de la différenciation (donc en amont). Les activités peuvent concerner les fondamentaux comme le français et les maths, ou des ateliers complémentaires. Les élèves avancent à leur rythme, mais dans un cadre commun. Le temps imparti est parfois identique pour tous, en ne permettant pas à tous les élèves d'aller au bout de la "route" prédéfinie. .
L’évaluation reste souvent classique : un exercice terminal, à échéance fixe, sert de validation. La feuille de route est donc un outil de progression autonome dans un parcours défini à l’avance.
Ce qui distingue la feuille de route d’un “vrai” plan de travail au sens Freinet/Oury, c’est l’absence d’individualisation formelle. Elle n’est ni co-construite avec l’élève, ni personnalisée en amont et elle ne se met pas toujours en place pour le cœur des apprentissages mais va occuper l'espace périphérique des activités de classe. Cela n’en fait pas, pour autant, un outil illégitime.
Ce dispositif feuille de route est souvent utilisé comme complément à la classe, comme variable d'ajustement pour l'hétérogénéité des élèves (par exemple pour gérer les élèves performants sur le temps qu'ils se libèrent en finissant d'autres activités en avance sur les autres). En ce sens, une feuille de route est souvent installée uniquement pour certains domaines bien précis, où chaque élève avance "à sa vitesse" sur une série de fiches. Du coup, les parcours que je propose sur ce site (-> cliquer ici pour accéder aux Ressources CPR en partage), et qui vont graviter à la périphérie des apprentissages d'une classe en Pédagogie CPR, sont des feuilles de route.
Je ne les considère pas, personnellement, comme des plans de travail, mais plutôt comme des dispositifs de soutien aux Plans CPR. Pourtant, sur le plan sémantique, l’expression “plan de travail” reste quand même parfaitement recevable ici aussi. Après tout, vaut-il vraiment la peine de se disputer sur les réseaux pour une question de vocabulaire ? L’essentiel n’est pas dans l’étiquette, mais dans le contenu. Ainsi, aucun des collègues qui ont critiqué les plans de travail CPR, n’avait pris le temps de lire mes ouvrages. C’est regrettable, car j’aurais pu leur montrer que nos visions ne sont pas forcément si éloignées, et sur bien des points.
On peut résumer cette distinction entre plans de travail et feuille de route de façon plus tranchée :
Il y a une différence entre “mettre des plans de travail dans sa classe” et “mettre sa classe en plans de travail”.
Mettre des plans de travail dans sa classe revient souvent à distribuer une feuille de route. Mettre sa classe en plans de travail implique une transformation plus profonde du fonctionnement de
la classe (comme le proposent les pédagogies Freinet, Institutionnelle, ou encore la pédagogie CPR).
Entre l’individualisation extrême et le parcours collectif, les enjeux ne sont pas les mêmes. Ceci étant, utiliser un plan de travail ne fait pas d’une classe, une classe Freinet. Mais cela ne veut pas dire non plus que ce que l’on y fait n’a pas de valeur. Dire que l'on utilise des plans de travail alors que cela se rapproche plutôt d'un feuille de route ne signifie pas non plus l'ignorance pré-supposée d'un collègue et encore moins d'une inefficacité définitive de son enseignement.
Et les Plans de Travail CPR ?

"Les Plans de Travail CPR sont différents. Ils ne sont ni des "vrais" Plans de Travail ni des Feuilles de Route. C'est une nouvelle voie didactique qui prend en compte la singularité de chaque élève à partir d'une même feuille de plan pour toute la classe. Prêt à les découvrir ?"
La pédagogie CPR est née parce que je ne trouvais pas dans les autres approches ce qui convenait à ma classe. Cela ne veut pas dire que les autres pédagogies sont mauvaises mais elles manquent souvent, à mon avis, d'un réel fondement théorique, autre qu'une approche purement empirique, ou d'une conviction personnelle originelle.
Le concept de mettre le développement du Pragmatisme des élèves au cœur d'un modèle de classe théorique, a été le point clé de la naissance d'un système innovant, complet et cohérent. Je pense avoir trouvé, dans cette nouvelle voie, des leviers supplémentaires pour la réussite de tous les élèves. Cela ne fait pas non plus de miracles, et cela ne fait pas des enseignants de France et de Navarre qui n'utilisent pas ma Pédagogie, de mauvais enseignants ou de mauvais pédagogues.
Tableau récapitulatif
💡 Ce que la Pédagogie CPR propose en plus : – Un cadre unique, mais des parcours différenciés. – Une simplification du travail enseignant. – Une responsabilisation progressive des élèves. – Une cohérence théorique accessible. → Voir ce qu'apporte la pédagogie CPR de plus. |
Alors, où situer les Plans de Travail CPR dans ce paysage ? Sont-ils plus proches des “vrais” plans individualisés ou des feuilles de route plus généralistes ?
Dès le départ, certains les ont assimilés à de simples feuilles de route, sous prétexte qu’un seul plan est proposé à toute la classe. C’est, à mon sens, une accusation un peu trop rapide.
Il est vrai qu’en pédagogie CPR, tous les élèves reçoivent le même plan, en même temps, et pour une durée identique. Mais là s'arrête la comparaison... Le Plan CPR occupe le centre des apprentissages dans la classe, et le plan unique, pour toute la classe (sans différenciation) le rend singulier. C’est un choix assumé : offrir à chacun les mêmes opportunités de départ. C’est un principe d’équité, pas d’uniformité, c'est un espoir offert, pas un renoncement devant la difficulté.
La personnalisation se joue dans le parcours. Chaque élève choisit ses exercices dans la liste proposée. L’ordre, le niveau de difficulté, la stratégie d’avancement… tout cela relève de sa propre décision. Certains s’essaient à des exercices complexes, d’autres se donnent à fond pour atteindre des objectifs qui leur sont personnels et tous évoluent, progressent avec l’accompagnement que l'enseignant met en place dans la classe.
Le Plan de Travail CPR n’est donc pas une simple liste de tâches. C’est un outil de décision. Il pousse chaque élève à choisir, tester, corriger, apprendre à se connaître. Et moi, je ne décide pas à leur place. Je ne répartis pas les élèves en niveaux, je ne bloque personne. S’ils veulent essayer, ils essaient. Même si c’est dur. Même s’ils échouent. Parce que c’est aussi comme ça qu’on apprend. Les stratégies s'affinent au contact d'une réalité, une seule, la leur !
La grande différence avec les plans individualisés des pédagogies Freinet ou Institutionnelle ? Je prépare un seul plan, réutilisable, auquel tous les élèves s'adaptent car le dispositif complet est structurellement conçu pour cela. C’est un gain de temps considérable pour l'enseignant. Mais surtout : je laisse la responsabilité du choix à chaque élève. Je ne prédis pas sa réussite, je lui permets de l’expérimenter. Et cela est vrai pour tous les élèves (de Dys à EIP en passant par à peu près tous les profils). Chacun y a sa chance ! Mais toute la classe travaille selon le même rythme, dans la même dynamique, dans le même objectif de tous intégrer la classe de l'année d'après, quelle que soit la pédagogie qui y sera mise en place, du plus traditionnelle à la plus innovante.
C’est là que réside l’esprit de la pédagogie CPR : Choix, Pragmatique, Responsable. Le plan n’est qu’un levier. Ce que je vise, c’est une compétence bien plus large : la capacité à décider, à se tromper, à corriger, à avancer, bref à s'adapter. Et au fil de l’année, ils y arrivent, ils progressent augmentant compétences et estime de soi, tout en travaillant tous sur les mêmes compétences, permettant donc à tous de suivre les programmes officiels.

"Avec les Plans de Travail CPR, chaque élève a la même feuille de plan, mais personnalise son parcours. C'est une approche qui favorise l'équité des chances et le développement du pragmatisme, tout en sauvegardant la charge de travail de l'enseignant. Un beau projet, non ?"
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Pour résumer, les Plans de Travail CPR ne sont ni des plans individualisés au sens des pédagogies Freinet ou Institutionnelle, ni des feuilles de route planifiant le travail en amont. Leur fonctionnement et leurs enjeux les placent clairement plus proches des premiers, mais ils ouvrent avant tout une voie nouvelle.
Cette démarche repose sur une modélisation complète du fonctionnement de la classe, exposée dans deux ouvrages complémentaires :
– un guide pratique pour
enseigner par plans de travail en Cm1-Cm2 permettant une mise en œuvre concrète, accompagnée et détaillée dans sa classe.
– un ouvrage théorique, Rendre
chaque élève de CM1-CM2 responsable de ses apprentissages, exposant la genèse, les fondements et les ressorts théoriques de la Pédagogie CPR.
La pédagogie CPR propose une déclinaison innovante et originale de ce que l’on appelle les plans de travail. Elle se distingue par ses choix assumés, sa cohérence interne, et son nom propre, pensé précisément pour dépasser les querelles de terminologie : les Plans de Travail CPR.
🛠️ Pour aller plus loin: – 📖 Le guide pratique – Enseigner par Plans de Travail en CM1-CM2: mise en œuvre pas à pas. – 🧠 Rendre chaque élève responsable de ses apprentissages: les fondements théoriques de la pédagogie CPR. |
pour conclure
Il existe aujourd’hui une grande variété de dispositifs de plans de travail dans les écoles. À une extrémité, les pédagogies comme Freinet proposent des plans entièrement individualisés. À l’autre, les feuilles de route offrent un cadre commun, structurant (le plus souvent partiellement) le parcours de toute la classe.
Le dispositif Plans de Travail CPR trace une troisième voie : un plan unique, commun à tous, mais permettant à chacun de construire un parcours singulier, à son rythme, selon ses choix.
Il ne s’agit pas simplement de mettre des plans de travail dans sa classe, mais bien de mettre sa
classe en plans de travail. Une nuance de taille, qui change tout.
Lorsqu’elle est mise en œuvre dans toute sa cohérence, la Pédagogie CPR place son plan éponyme au cœur du fonctionnement de la classe. À la fois outil de découverte, d'entraînement, d'application et d'évaluation, le Plan de Travail CPR renouvelle profondément notre manière d’enseigner.
Facile à mettre en œuvre, il suscite rapidement l’adhésion des élèves tout en limitant la charge de travail pour l’enseignant. On peut s’y engager dès ses premières années d'enseignement, sur une seule classe de son école, pour une seule année, voire à temps partiel ou en complément de service. (De nombreux articles de ce site en détaillent les modalités.)
À chacun de s’y retrouver : pédagogie active, feuille de route structurée, ou pédagogie CPR. Cette dernière ne se situe pas vraiment entre les deux, mais propose une approche différente, structurée, cohérente, et fondée sur une théorie explicite.
À vous de voir si elle peut répondre à vos besoins et ceux de vos élèves, comme elle a su répondre aux miens.

"Alors, convaincu ? N'hésite pas à explorer davantage et à voir comment les Plans de Travail CPR peuvent transformer ta classe."
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