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Le Roman de l'année : Semaine 6 : Le retour au calme



 

Chapitre 11 - Le retour au calme

 

Après avoir connu deux semaines sous la pression des premières fins de plan, cette semaine qui commence, s’annonce plus calme… Aucun évènement sur l’agenda ! Une vie de classe normale, standard en quelque sorte. Dans la réalité, ce type de semaine est relativement rare dans l’année car les fins de plans sont tout de même très régulières (18 plans pour 36 semaines) sans parler des semaines avec une sortie, ou un jour férié, ou une fin de période…

 

 

 

Début de nouveau plan

 

Les fins de plans sont des moments intenses qui rythme le fonctionnement de la classe, un peu comme une sorte de cœur qui bat. Il y a ces moments intenses où les élèves (pas tous malheureusement) donnent beaucoup d’eux-mêmes et il y a donc des moments de relative relâche. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que c’est un besoin pour eux et cela donne un réel rythme à la vie de la classe, comme le battement du cœur donne le rythme de la vie.

 


Pourtant, le travail doit continuer et continue sur ces semaines « calmes » ! Le plan de maths M2 est dans sa deuxième semaine, les compétences s’ouvrent une à une et il faut donc là aussi garder le rythme. Le plan de français F2 lui commence sa première semaine. C’est l’occasion de remettre les compteurs à zéro, de repartir sur une meilleure base. Il faut dire qu’après 2 plans, le fonctionnement du dispositif est bien compris par tout le monde et seules les stratégies restent à faire encore évoluer pour beaucoup.

 

 

 

 

Alors je profite de ce début de plan pour rappeler aux élèves les priorités de la Pédagogie CPR et je profite de ce chapitre pour rappeler au lecteur que la Pédagogie CPR n’est pas qu’un dispositif de classe, c’est un véritable changement de paradigme dans la prise en compte des élèves à travers leur singularité et dans la prise en compte de leurs difficultés éventuelles (EIP et Dys compris). Le Pragmatisme qui constitue le cœur de cette pédagogie (et de son acronyme) n’est pas qu’un mot ou qu’une vague dénomination de mode ou de politique. Pour qui a déjà lu mon premier ouvrage (Rendre chaque élève de Cm1-Cm2 responsable de ses apprentissages -> à découvrir ici ), la mise en avant et avant toute autre chose du développement du pragmatisme de chaque élève n’est pas une surprise, pour les autres, pour les parents, comme pour les élèves, il faut ré-exposer cela à la moindre occasion.

 

 

C’est ce que je fais en ce lundi après-midi auprès des élèves. J’expose une nouvelle fois cette priorité aux élèves. Parfois, il faut passer un peu de temps à expliquer le pourquoi des choses aux élèves. Ils sont un peu concernés quand même.

 

 

Alors je remets le pragmatisme au milieu du village !

 

 

« Certains ici ont des difficultés, mais ai-je fait quelque chose pour ces difficultés ? Non pas encore, car d’abord, il faut améliorer vos stratégies. A quoi cela sert-il de tenter de soigner vos difficultés si vous en reprenez le double après ? Dans le pragmatisme, ce qui se joue c’est votre vitesse à apprendre les choses. Il faut d’abord faire en sorte que vous soyez capable d’apprendre à la même vitesse que les autres (cette année je ne leur ai pas encore parlé de la Zone Proximale de Développement, mais ça viendra !). Et c’est cela que l’on est déjà en train de travailler ».

 

 

Dans mon discours aux parents que je rencontrerai la semaine prochaine, je rajouterai « les résultats s’amélioreront plus tard, soyez patients. »

 

 

Mais là dans la classe, je peux déjà féliciter Arthur, Nathan, Ilona ou Eva. Ils sont tous parvenus à éviter le palier No. Ils ont donc déjà su s’adapter, faire les bons choix pour au moins avoir un exercice partiellement réussi dans chaque compétence.

 

 

« Je n’ai pas dit que cela allait être facile, mais si vous continuer à travailler sérieusement, si vous continuez à venir au bureau, vous allez progresser. »

 

 

Il faut toujours rester réaliste, il ne faut pas dire ce qui n’est pas ! Être bienveillant, c’est d’abord être honnête. Les élèves de Cm2 savent leur état et ont une bonne idée de leur niveau. Pour autant, tout cela peut changer. Alors j’insiste :

 

 

« Quand on a des difficultés, faire une bonne année, ce n’est pas rejoindre les meilleurs, c’est déjà arrêter de prendre du retard sur les autres. Si vous ne prenez plus de retard, c’est que vous apprenez à la même vitesse que les meilleurs ! Donc vous faites une bonne année, autant que les meilleurs ! »

 

 

Et comme ils me regardent bizarrement…

 

 

« Pour rejoindre les meilleurs, il faut en apprendre plus qu’eux cette année… Peut-être arriverez vous à vous en rapprocher, mais ce sera alors vraiment une super année, même si vos résultats ne seront pas les mêmes qu’eux ! »

 

 

Mine de rien, les élèves s’interrogent et certains changent d’avis sur eux et sur les autres. La bienveillance s’installe aussi enter les élèves dans la Pédagogie CPR car les meilleurs vont souvent encourager les moins performants et même les féliciter dans mon sillage les élèves qui progressent. En cela aussi, le « cœur » de la classe constitué par le rythme des plans va battre souvent bien fort !

 

 

Bref, cette première séance du plan F2 n’est pas très prolifique en exercices faits sur le cahier, mais la motivation a été regonflée et cela va se ressentir dans toutes les séances de la semaine ! Il faut savoir investir parfois…

 

 

 

Les points verts

 

Après les 2 premiers plans achevés, je propose de mettre un point vert sur l’étiquette des élèves qui ont eu le plus de mal dans ces 2 premiers plans. Les candidats au point vert sont ceux qui n’ont pas réussi à valider un des 2 plans et qui n’ont pas atteint le palier cO sur l’un des plans. Cette année, cela fait du monde ! En fait presque autant que d’élèves qui ont réussi à valider au moins un plan et beaucoup plus que d’élèves qui ont réussi les deux !

 

 

« Le point vert, c’est pour vous aider. Vous serez plus souvent prioritaires pour venir au bureau que les autres. Je sais que vous avez plus besoin de moi que les autres, et quand vous validerez des plans, on pourra l’enlever !"

 

 

Comme tous les ans, ils sont tous volontaires ! Encore une fois, ils ont eu le choix, ils ont choisi d’avoir le point vert, ils ne se sentent pas stigmatisés, et les autres sont souvent un peu jaloux de ne pas être prioritaires alors que les points verts le sont !

 

 

Pour cette première semaine avec points verts, , ils ont eu des avantages dans toutes les séances de plans. Le bilan est positif, je les vois plus souvent et je peux mieux ré-étayer. La plupart de ces points verts ont donc pu valider des exercices dans la semaine ce qui leur fait des plans qui avancent plus vite que leurs premiers. Voyant cela, ils se mettent dans une meilleure dynamique et tant qu’ils sentent que l’objectif du palier cO (avant de viser le palier cV) est atteignable, ils
seront au travail !

 

 

 

 

Cela n’empêche pas les autres d’avancer également. Certains ont moins l’occasion de venir au bureau que pour les premiers plans, mais les stratégies sont en place et ils savent profiter de la moindre brèche pour parvenir à venir se faire corriger ! A ce petit jeu, Lou est très douée ! Elle sera venue au bureau à toutes les séances et bien entendu sans point vert sur son étiquette puisqu’elle a réussi ses deux plans.

 

 

Le travail s’accélère donc en cette semaine soi-disant calme. Et tout le monde accélère, les plus performants aussi ! Ulyana et Yann ont déjà des compétences remplies de 4 points bleus en maths. Il ne reste qu’une compétence à ouvrir la semaine prochaine et Inès a déjà les 5 premières de validées… Le plan ne lui résistera pas longtemps et elle pourra partir en vacances l’esprit tranquille et espérant bien décrocher son premier palier Xp au retour.

 

 

D’ailleurs, elle n’est pas la seule dans cet espoir, les 2 plans à Xp la semaine dernière ont aiguisé les appétits ! Ilyan, Paul ou encore Eline semblent avoir envie de s’inviter au bal ! Leur départ du nouveau plan de français n’a rien à voir avec ce qu’ils produisaient il y a un mois ! On fera les comptes après les vacances quand les plans numéro 2 s’achèveront.

 

 

 

 

La production d’écrit ICO-R

 

Cette année, je teste grandeur nature ce que je propose à d’autres dans le Fichier de renforcement CPR (-> à découvrir ici). Bon, je ne pars pas de 0 puisque le système ICO-R est la dernière évolution de ce que je développe depuis 10 ans. Le système est mature et je suis très satisfait de mon travail de l’été !

 

Cette semaine, 2 sujets au choix :

 

 

Ma période historique préférée

 

 Ou Ma visite d’un monument historique

 

 

Le choix des élèves est équilibré avec 11 élèves pour le sujet 1 et 14 pour le sujet 2 (Robin est malade cette semaine !). Le système de correction en deux phases fonctionne et la plupart des textes sont bien plus propres orthographiquement parlant avec un travail pour moi pas trop pénible en correction. Il faut bien le dire, les corrections de productions d’écrit, ce n’est pas ce que l’on préfère dans notre métier en général !

 

 

Déjà, en donnant le choix entre 2 sujets, cela atténue un peu cette pénibilité en évitant l’ennui de lire 26 fois (ou 25 fois, merci à Robin de son effort pour m’éviter de corriger une feuille de plus cette semaine) les textes similaires souvent peu inspirés…

 

 

Alors pour le sujet 1, je passe sur les 3 élèves qui sont partis hors sujet, du style « ma période préférée c’est Noël »… comme période historique… Ils me fatiguent parfois… Surtout qu’il me faut quand même corriger pour évaluer la construction du texte et son orthographe (C’est le principe du dispositif ICO-R). A la lecture, je constate qu’une majorité des élèves préfèrent la Préhistoire, d’autres l’Antiquité, les derniers le Moyen-Age… Les Temps Modernes n’ont pas la côte ! Quant à l’époque contemporaine, nous ne l’avons pas encore commencée dans la classe…

 

 

Pour les monuments historiques, j’ai bien quelques châteaux célèbres (Versailles, Chambord), mais j’ai surtout des récits des visites faites avec l’école. Je ne sais pas si je dois me réjouir de voir nos sorties validées et appréciées par les élèves ou si je dois m’inquiéter du peu de sorties faites en famille… Quand je vois que je ne passe pas de vacances sans visiter un château ou un musée… Quand je vois le nombre de visites qu’ont pu faire mes enfants depuis qu’ils sont nés… Cela leur donne une culture générale que peu d’élèves ont malheureusement dans ma classe (à part les enfants d’enseignants…). Je vous renvoie au chapitre 4 de cet été (-> à lire ici), où j’évoque notre visite familiale et estivale du musée national de la Révolution.

 


Dans les grandes nouvelles et cela « agrémente » un peu mes moments de correction, certains élèves pourraient révolutionner les connaissances généralement admises : des châteaux construits à la Préhistoire et Louis XIV en chevalier du Moyen-Age (comme quoi finalement, les Temps Modernes…). Au moins, ils ont quelques souvenirs de ce qu’ils font avec moi depuis le Ce2, mais visiblement, tout n’est pas encore bien rangé dans leur tête !

 

 

 

Quoiqu’il en soit, les productions sont globalement correctes en ce qui concerne le côté Français écrit avec quelques bons textes, des textes bien corrigés (mais pas suffisamment retravaillés dans leur propos ou dans leur construction). Même Nathan, avec son orthographe encore totalement hors des clous, écrit de manière cohérente et intéressante. Mais la palme de la réflexion et de l’argumentation revient cette semaine tout de même à Yann.

 

 

 

Le challenge d’automne

 

Mercredi matin, c’est biathlon sur le stade de l’école ! Il fait un peu trop beau et chaud pour chausser les skis, alors bien entendu, ce sera une course d’athlétisme. Les élèves courent en relai. Ils font un tour de piste et doivent lancer un poids dans un cerceau. Si le poids tombe dans le cerceau, le relai se passe immédiatement pour un nouveau tour de piste avec un autre équiper, si le poids ne tombe pas dans le cerceau, le lanceur doit parcourir un tour de l’anneau de pénalité avant de passer son relai tout comme en biathlon.

 

 

Ils ont fait trois courses à la suite, chacune rapportant des points à l’équipe. Ils se sont bien dépouillés ( à part Zacharie qui n’a pas fait grand effort pour son équipe…) et beaucoup étaient épuisés à la fin. On dit que les élèves de notre époque ne bougent pas assez, au moins ceux-là, ils n’hésitent pas à le faire quand le challenge leur plait ! Ce faisant, ils prennent du foncier pour la piscine au mois de novembre et surtout pour le ski alpin de janvier !

 

 

Au classement, étonnamment, peu de changement, mais un resserrement des positions qui fait que la grande finale va être décisive. Même les Orange, toujours loin des autres au classement ont regagné un peu de terrain et ont encore une petite chance !

 

 

 

Jeudi jour de fin de plan


Retour au calme disais-je donc dès le début de cette semaine… Ça se voit aussi en fin de semaine sur le tableau des étoiles de comportement (bon c’est promis je vais publier l’ensemble du dispositif pendant les prochaines vacances !). 51 étoiles perdues, c’est deux fois moins que les deux semaines précédentes où l’on avait largement franchi les 100.

 

 

 

 

Il y a donc eu moins de bavardages et au final, il n’y a plus aucun élève isolé des îlots pour la semaine prochaine. C’est assez rare pour être signalé. Tous les ans, il y a un ou deux élèves qui prennent un abonnement ! Vendredi, en fin d’après-midi, tout le monde change donc de place dans la classe comme il en est de coutume toutes les 2 semaines. Cette fois, je n’annonce pas la place de chacun, je projette, sans autre forme de procès, le plan de la classe avec la nouvelle place de chacun. Je prends mon sablier et…

 

 

« Vous avez 3 minutes pour vous installer à votre nouvelle place ! »

 

 

Alors bien sûr, il s’agit de s’adapter… L’un des côtés fondamentaux du pragmatisme. Certains se repèrent immédiatement, pour d’autres c’est plus compliqué… Certains partent d’abord du mauvais côté de la classe… Et puis il y a les petits fûtés… Rayan a remarqué qu’il était à côté de Oksana qui elle a trouvé sa place en 2 secondes… du coup, il va directement se mettre à côté d’elle. Pour le repérage sur le plan, on verra plus tard ! C’est aussi ça le pragmatisme !

 

 

Et nous voilà à la fin de cette 6ème semaine… Les horloges tournent… en particulier celles mise en route par les élèves la semaine passée en atelier de sciences. Celle avec les raisins, (les fruits les plus petits de la série) est toujours en forme, mais les raisins commencent sérieusement à souffrir. Pas dit qu’ils tiennent encore une semaine !

 

 

Un dernier petit weekend, une dernière semaine à l’école…  et direction la Normandie !

 

 



Note de l'auteur : le roman de l'année est un roman ! Il s'agit d'une fiction, même s'il s'appuie sur ma réalité de professeur des écoles.

Objectif premier du roman de l'année : Accompagner les nouveaux professeurs en Pédagogie CPR

Ce qui est réel :

- Temporalité et paramètres de la classe

- Les anecdotes sont réelles, mais pas de l'année en cours.

Ce qui est fictif :

- les élèves et leurs résultats, les personnages secondaires.

(Ils n'ont pas de lien avec qui que ce soit)

- L'école et son environnement. Issiella n'existe pas !



 Crédit photos : beanico-photo (www.beanico-photo.fr)

chapitre 10


Chapitre 11


Chapitre 12




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